Enfance et soutien à la parentalité Pôle enfance-famille

Mieux comprendre la médiation familiale

3 scénarii pour mieux comprendre la médiation familiale

Ateliers questions de parents

1er scénario :
Une médiation familiale de rupture du couple

Il s’agit d’une médiation spontanée, c’est à dire qu’elle n’est pas ordonnée par un juge aux affaires familiales mais relève d’une démarche personnelle.

Premier entretien :

Nous recevons une première fois Madame S. en entretien, seule.
– « Je suis désespérée car mon mari est complètement absent de la famille ; nous avons deux enfants : Paul, 12 ans et Marie, 9 ans. Mon mari voyage beaucoup, il est commercial, moi je suis enseignante. Il ne me parle plus et boit beaucoup quand il est à la maison. Je crains qu’il n’ait une relation avec une fille ».

Nous écoutons la souffrance de Madame S. Elle demande une médiation familiale pour pouvoir communiquer avec son mari.
Nous lui proposons de recevoir Monsieur T. seul la prochaine. Elle souhaite que nous invitions Monsieur T. par lettre, lettre que nous rédigeons et que nous lui adressons.

Deuxième entretien :

Monsieur T. vient au rendez-vous, il est très déprimé :
– «J’ai une autre relation avec une jeune femme que je connais par mon travail ».

Nous lui expliquons ce que la Médiation Familiale peut lui apporter.
Il accepte la médiation :
– « Ainsi je pourrai mieux communiquer avec ma femme ! »

Troisième entretien :

Les époux viennent tous les deux.

Notre objectif :
– Eclaircir la demande initiale de Madame S.
– Apprendre à communiquer sans accuser l’autre mais parler avec le « JE » qui permet d’ouvrir la relation à l’autre (communication non violente)
– Dégager les besoins de chacun : Monsieur T., Madame S., Paul et Marie.
– Dégager les points de vue différents de chacun
– Aider à la décision, quelle qu’elle soit.

Après de fortes émotions, larmes chez Madame S., plaintes chez Monsieur T., ils décident de se séparer pour un temps probatoire. Monsieur T. résidera chez des amis hospitaliers.

Quatrième entretien :

Le travail se place sur l’autorité parentale partagée.
Paul, préadolescent, manifeste une indiscipline notoire à l’école et Marie se renferme sur elle-même.
Les parents décident de parler à coeur ouvert avec leurs enfants en utilisant la communication non violente.
Nous dessinons l’arbre généalogique des familles. Monsieur T. et Madame S. se rendent compte des relations et des ruptures. Monsieur T. fait figurer son amie, Madame B. et sa fille Léa âgée de 7 ans.
L’expression de chacun est encouragée afin de lever les malaises.

Ces deux derniers entretiens durent à peu près deux heures et se terminent toujours par des petits accords entre les personnes. Les rendez-vous sont pris par intervalles de quinze jours à trois semaines.

Cinquième entretien :

Nous reprenons les accords pris lors de la séance précédente.
Ils expliquent ce qui a été positif et plus difficile à vivre, en l’occurrence parler aux enfants des difficultés familiales.

Nous travaillons sur la décision de Madame S. de se séparer. Monsieur T. a plus de difficultés à envisager la rupture.
Nous leur proposons d’évoquer les valeurs qu’ils veulent transmettre à leurs enfants, ce qui provoque un bilan de leur vie conjugale puis une projection dans le futur de leur vie parentale.
Nous leur proposons d’élaborer une charte chacun de leur côté pour organiser l’autorité parentale partagée.

Sixième entretien :

Madame S. entame violemment la séance :
– « Est-ce que Léa est ta fille ? »

Monsieur T. est stupéfait et ne sait que répondre…

Quand on n’aime plus, on compte beaucoup.
Nous travaillons sur l’organisation matérielle de la rupture : la résidence principale des enfants, la contribution de Monsieur T. à l’éducation des enfants, le planning des enfants etc.
Ces décisions prises par les deux parents ont été difficiles à réaliser car tous les deux étaient très gênés par leurs émotions. La reformulation des dires des personnes par le médiateur est une technique qui aide à progresser.

Septième entretien :

Monsieur T., Madame S. rédigent leurs accord de séparation : réorganisation matérielle et familiale.
Ils sont d’accord pour exercer l’autorité parentale sur chaque enfant et de communiquer entre eux à propos de Paul et Marie. Ils acceptent de se concerter une fois par semaine pour discuter de leurs enfants.

Deuxième scénario :
Une médiation Familiale entre une fratrie


Monsieur R., Madame G., Madame M., et Monsieur R., tous frères et sœurs, souhaitent une médiation familiale car Madame G. ne veut pas que leur mère aille dans une maison spécialisée pour personnes âgées. L’autre sœur et les deux frères préfèrent que leur mère réside en sécurité dans une maison de retraite.
Nous voyons les quatre « enfants » adultes.
Après deux séances, ils décident de proposer à leur mère de passer un mois dans une maison de retraite puis de faire le bilan et évaluer ce qu’il y a de mieux pour elle.
Nous ne verrons plus cette famille car la mère est décédée peu avant son installation dans la maison de retraite.

Troisième scénario :
Une Médiation familiale intergénérationnelle


Une jeune adolescente vit avec son père. Elle ne veut plus voir ni parler avec sa mère qui est séparée du père. Nous proposons une rencontre entre le père et la mère. Ils acceptent.
Après une séance houleuse et difficile, ils sont prêts à accueillir leur fille Emilie, 15 ans, pour la prochaine séance de médiation familiale.
Lors de cette seconde séance, Emilie refuse de s’adresser à sa mère et dit : « Tu pleures tout le temps ! ».
En effet la mère est dépressive.
Provisoirement, un accord est pris entre la fille et la mère : elles se téléphoneront chaque vendredi soir.

Le contrat a été respecté et le lien mère/fille n’a pas été rompu, même pendant l’hospitalisation de la mère.